Cf. aussi Hugo, le Crapaud
Louise Michel est ainsi honorée dans le musée qui lui est consacré dans sa localité natale Vroncourt-la-Côte (Haute Marne), où est présenté ainsi ce texte de ses Mémoires ( F. Roy, 1886)
La position de Louise Michel rejoint tout un courant socialiste et libertaire de défense des droits des animaux, d’opposition à la vivisection et à la corrida (courant non socialiste méridional en l’occurrence, on l’imagine) auquel la Revue socialiste fait écho à la fin des années 1880. L’originalité de Louise Michel est de lier directement le mal exercé par sadisme et la soumission aux puissants. Qui défoule sur l’animal sa pulsion de mort se garde bien de l’exercer contre celui qui l’oppresse.
NB : Dans la « Chanson de cirque. Corrida de Muerte », (sur l’air de « Cadet Rousselle » [1]), Louise Michel lie l’engouement du Tout Paris pour la tauromachie à sa délectation devant la mise à mort des Communards.
Les hauts barons blasonnés d’or,
Les duchesses de similor,
Les viveuses toutes hagardes,
Les crevés aux faces blafardes,
Vont s’égayer. Ah ! oui, vraiment,
Jacques Bonhomme est bon enfant.
C’est du sang vermeil qu’ils vont voir.
Jadis, comme un rouge abattoir,
Paris ne fut pour eux qu’un drame
Et ce souvenir les affame ;
Ils en ont soif. Ah ! oui, vraiment,
Jacques Bonhomme est bon enfant.
Peut-être qu’ils visent plus haut :
Après le cirque, l’échafaud ;
La morgue corseææra la fête.
Aujourd’hui seulement la bête,
Et demain l’homme. Ah ! oui, vraiment
Jacques Bonhomme est bon enfant.
Les repus ont le rouge aux yeux.
Et cela fait songer les gueux,
Les gueux expirants de misère.
Tant mieux ! Aux fainéants la guerre ;
Ils ne diront plus si longtemps :
Jacques Bonhomme est bon enfant.