Bel été occitan

L’été s’achève... Avec l’été, comme chaque année, est venu le temps des rencontres occitanes de toutes sortes, (stages, "estivadas", "escòlas", festivals, etc...) où, grâce à un bénévolat rarissime aujourd’hui, les curieux, les motivés, les passionnés, peuvent se rencontrer et se reconnaître, dans "LEUR" langue... Enseignants, universitaires, linguistes, créateurs de tous ordres (écrivains, théâtreux, conteurs, chanteurs, musiciens...), chercheurs, historiens, géographes, économistes, botanistes, journalistes, voire militants politiques et élus, peuvent croiser leurs expériences et leurs espérances, dans un échange intergénérationnel et interrégional tonique.
Peut-être manque-t-il à l’appel la voix inimitable et polymorphe de l’immense peuple paysan et ouvrier d’antan, ce peuple jadis porteur au quotidien d’une langue héritée de mille ans d’histoire et de labeur, ce peuple qui crut juste et bon de ne pas transmettre ce "patois" à ses enfants, ce peuple dont aucun fantasme, aucun volontarisme, aucune fidélité, aucune revendication, aucune nostalgie ne pourra remplacer la paisible pratique et la créativité d’un idiome vraiment maternel. Pratique en normalité et créativité linguistique orale aujourd’hui disparues.
Peut-être manque-t-il aussi à l’appel la voix claironnante et impérieuse de la langue normalisée, administrative, médiatisée, aseptisée, triomphante d’un catalan porté autant par une aspiration démocratique interclassiste que par la volonté d’une bourgeoisie volontariste et nationaliste...
Entre ces deux voix, demeure celle de la revendication occitaniste, tenace, protéiforme, qui crut un temps, après 1968 (ah, cher Robert Lafont !), s’identifier aux luttes populaires, et qui, partant d’une courageuse entreprise d’enseignement, s’en remet aujourd’hui à la discrétion des bonnes volontés administratives régionales et étatique, pour qu’école et médias transmettent (mais à quel support social ?) une langue désormais supplément d’âme des petits bourgeois que nous sommes...