La Seyne sur Mer

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Pople prouvençaou, 1936,

jeudi 24 décembre 2020, par René MERLE

Voici un document qui fut « culte » dans le revival occitaniste des années 1970, et que Yves Rouquette fit alors figurer en bonne place dans son manuel de textes occitans pour l’enseignement : un des rares exemples contemporains d’une utilisation politique à l’écrit de la langue d’Oc, du fait d’une organisation politique « nationalitaire ».
L’initiative était en effet exceptionnelle : en 1936, le provençal, encore vivant dans ce milieu rural du centre Var, était parfois employé dans l’oralité politique des réunions publiques ; mais son usage à l’écrit violait un tabou, y compris pour le candidat (et élu) communiste Gaou [1882], lui même orateur occasionnel en provençal. (Sans s’engager autrement, Gaou répondit avec sympathie au démocratique « Partit prouvençau »).
Le texte demeure, comme curiosité pour certains, en nostalgie plus ou moins active pour d’autres... et en objet d’horreur pour les tenants provençalistes du maurrassisme...
Il s’agit donc d’une affiche que les disciples marseillais de l’occitaniste bien connu Charles Camproux, Marseillais lui aussi, [1908], regroupés dans leur tout jeune « Partit prouvençau », avaient éditée à l’occasion des élections législatives de 1936 dans l’arrondissement de Brignoles (Var). Paul Ricard [1909] (oui, c’est bien lui) était président du parti, dont le tendre et vigoureux poète (novateur en matière d’écriture félibréenne !) Georges Reboul [1901] était l’animateur.
On remarquera que, tout occitanistes qu’ils étaient, les disciples de l’occitaniste Camproux sont prudemment demeurés dans le cadre le plus immédiatement perceptible par les agriculteurs et artisans qu’ils voulaient toucher, la Provence, en laissant de côté la vaste Occitanie.
Ce n’est pas faire insulte aux deux hommes que pointer le très faible écho, en son temps, d’un projet nationalitaire antifasciste appuyé sur un généreux fédéralisme européen, vivifié par l’exemple nationalitaire catalan et particulièrement celui de l’indépendantiste « Esquerra republicana ».


"Pople Prouvençau !
Regardo que sus 30 Deputa dou Sud-Est de la Franço n’a 26 que soun elegi per tu em’un prougramo poulitique de large prougrès souciau, es-à-dire que lou Pople Prouvençau es francamen demoucratique e soucialiste...
As toutjour vist au Gouvèr de Paris uno majourita reaciounàri... Aquèlo majourita reaciounàri pourrido a sempre gouverna lou Pople provençau...
La Prouvenço es uno MINOURITA NACIOUNALO.
Lou Pople Prouvençau n’a proun de si leissa gouverna pèr lei facisto e lei emperialisto dou Gouvèr de Paris qu’an arrouina la prouducien agricolo dou Miejour de Franço emé sa poulitico coulounialo...
Lou Pople Prouvenau vou plus dou Gouvèr de Paris qu’es pas esta capable d’ourganisa la Pas... e l’Ecounoumio dicho naciounalo... La Pas de l’Europo es assetado ni sus leis armamen sèns limito, ni sus un semblant de desarmamen, mai bèn sur l’ourganisacien federalo de toutei lei regien ecounoumico e geougrafico e lou respèt de toutei leis ome e de toutei lei raço...
Lou Pople Prouvençau a lou devé, en fouero deis oupinien poulitico catalougado de dreissa lou Front Coumun prouvençau contro lou facisme e l’emperialisme dou Gouvèr de Paris e de toutei lei Capitalo guerriero... que nous mènon à la roueino e à la mouart.
Pèr lou Partit Prouvençau : Pau RICARD, Présidènt."

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