Dans un pays qui n’a jamais opéré sa dé-franquisation, il n’est pas étonnant, la crise sociale et politique aidant, de voir surgir des néo franquistes affirmés des rangs du Parti Populaire, la grande formation de droite extrême qui a souvent dirigé le pays depuis la mort de Franco sans jamais renier le franquisme.
Ainsi la jeune formation néo franquiste Vox, (la « Voix » en latin), vient encore de gagner des voix et des sièges aux élections de novembre 2019.
Avec désormais 15,08 % des suffrages et 52 députés (un gain de 28 sièges), elle aspire au pouvoir en espérant bien s’allier avec tout ou partie du Parti Populaire. Son sigle vert (!) et ses drapeaux espagnols frappés du taureau de combat rassemblent des foules haineuses.
Dans une référence sans état d’âme à la « grandeur franquiste », Vox et son jeune leader Abascal exaltent le nationalisme chrétien, l’espagnolisme xénophobe, les traditions ancestrales, les conquistadors et l’immense Empire colonial perdu [1]. Ils condamnent les autonomismes, (et en particulier l’autonomisme catalan), stigmatisent l’immigration et vilipendent les idéologies nouvelles.
Parmi ces idéologies diaboliques, sont dénoncés au premier chef le féminisme et le mouvement de condamnation du viol et du féminicide.
« Le féminisme veut nous opprimer, répète Abascal dans ses meetings, dans ses spots publicitaires et sur les réseaux sociaux. On criminalise la moitié de la population pour son sexe avec des lois totalitaires issues de l’idéologie du genre. »
Peut-être a-t-il en tête ce que déclarait le général Queipo de Llano à Radio Sevilla le 23 juillet 1936 [2], alors que les rebelles franquistes débarqués du Maroc le 17 venaient d’occuper la ville. Après avoir appelé à l’extermination physique des « Rouges », c’est à dire des défenseurs du régime légal républicain, il ajoutait :
« Nos valeureux légionnaires et réguliers [3] ont démontré à ces lâches de rouges ce que c’est qu’être un vrai homme. Et aussi par la même occasion à leurs femmes. Cela est totalement justifié, puisque ces communistes et anarchistes prêchent l’amour libre. Maintenant au moins, elles vont savoir ce que sont les vrais hommes et non des miliciens efféminés. Elles auront beau meugler et battre des pieds, elles n’y échapperont pas ! »
Mais au fond, ce n’était pas si méchant que cela le franquisme :
8 juin 1970 - De Gaulle rencontre Franco à Madrid. "Je lui ai dit ceci : en définitive, vous avez été positif pour l’Espagne. Et c’est vrai, je le pense. Et que serait devenue l’Espagne si elle avait été la proie du communisme ?" - Michel Droit [4], les Feux du crépuscule, Plon, 1977.
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