La Seyne sur Mer

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Béranger et la langue poétique

lundi 28 décembre 2020, par René Merle

Cf. : Béranger, la langue et le peuple

Voici, extraite des Œuvres complètes de P.J. de Béranger, Paris, Perrotin, M DCCC LVI, une "Notice" qui évoque la jeunesse du chansonnier et son rapport à la langue.
"Tantôt il saluait avec transport le jeune Chateaubriand et le Génie du Christianisme, ce grand livre qui précédait le retour de l’Évangile ; tantôt il revenait sur l’admiration des poëtes [1] admirés de son temps, et il tenait tête à ce triomphant abbé Delille, qui passait, au commencement de ce siècle, pour le plus grand poëte de l’univers [2]. Il aimait déjà la simplicité, la vérité, l’élégance qui n’emprunte rien au mensonge, la sérieuse beauté qui n’a pas besoin de parure, et qui fait de sa chaste nudité un ornement et une grâce. Il parlait un jour à un poëte de l’Académie, de l’Académie française, s’il vous plaît, du soin assidu avec lequel, libre d’emphase, de période et de toute espèce de mythologie, il prétendait, chose incroyable ! nommer chaque chose par son nom : "Mais, disait le poëte académique, y pensez-vous ? et que ferez-vous de la langue poétique !
— Je n’en veux rien faire, répond le jeune homme.
— Mais comment saurez-vous nous montrer les choses dont vous parlerez dans vos vers : la mer, par exemple, la mer, comment direz-vous ?
— Je dirai tout simplement la mer.
— Eh quoi ! Neptune, Téthys, Amphitrite, de gaieté de cœur vous retrancherez tout cela ?
— Tout cela !"

Notes

[1graphie de l’époque

[2Delille, froid versificateur académique, idolâtré au XVIIIe siècle

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