La Seyne sur Mer

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1937 - Les illusions perdues. Parti unique PC-PS

mardi 29 décembre 2020, par René Merle

Je poursuis ici la réflexion ouverte par l’article Droite / Gauche et Union nationale

On peut lire en première page de L’Humanité du 29 juillet 1937 :

"Le Parti unique se fera !
La délégation du Parti communiste au Comité d’Entente est heureuse de constater le rapprochement des points de vue exprimés par le Parti socialiste et le Parti communiste en ce qui concerne la réalisation du Parti unique de la classe ouvrière.
En proclamant au congrès de Marseille que le Parti unique devrait avoir pour base « la démocratie à tous les degrés de l’organisation, la souveraineté des congrès nationaux et internationaux, l’indépendance du Parti vis-à-vis de tout gouvernement », le Parti socialiste a émis une opinion identique à celle qui se dégage du projet de conciliation et de synthèse soumis par le Parti communiste à la commission d’unification.
Il n’y a donc aucune divergence de nature à empêcher la réalisation de l’unité politique.
C’est pourquoi, selon les décisions prises par notre Comité central lors de sa session des 22 et 23 juillet 1937, nous soumettons au Comité d’Entente les propositions concrètes suivantes :
1 - A dater de ce jour, la C.A.P. du Parti socialiste et le Comité central du Parti communiste se réuniront régulièrement deux fois par mois et en commun, afin de procéder à l’examen de la situation, de prendre toutes les décisions que commande cette situation et d’en assurer l’application.
Les bureaux des fédérations socialistes et des régions communistes agiront de la même façon. Les sections socialistes et communistes se réuniront également en commun.
2 - Les élus de nos deux partis agiront de concert. Pour cela, les deux groupes parlementaires à la Chambre et au Sénat, les élus cantonaux et municipaux d’un même département et d’une même localité tiendront des réunions communes, afin d’examiner ensemble les questions soumises aux assemblées dont ils dépendent et de déterminer une attitude commune.
3 - La propagande sera désormais organisée en commun à travers tout le pays, en rassemblant les hommes et les moyens de propagande dont disposent nos deux partis.
4 - Un accord interviendra qui établira la collaboration des camarades socialistes à « L’Humanité » et à la presse de province actuellement sous le contrôle du Parti communiste et la collaboration des camarades communistes au « Populaire » et à la presse de province actuellement sous le contrôle du Parti socialiste.
Dans des conditions identiques sera instituée la collaboration réciproque aux organes théoriques des deux partis.
5 - Jusqu’à la fusion totale des deux partis, les adhérents continueront à payer leurs cotisations à leur parti respectif.
Toutefois, il pourra être créé à chaque échelon, de la base au sommet, des commissions de contrôle communes, de manière à faciliter la préparation du congrès de fusion.
6 -La mise en pratique de ces propositions entraîne les deux partis à examiner et à résoudre ensemble les questions soulevées par les élections cantonales d’octobre et aussi par chaque élection partielle (programme, campagne à mener, candidats à présenter, etc…)
En formulant ces propositions, la délégation communiste est convaincue de bien servir la cause de l’unité ouvrière et de répondre au désir profond des travailleurs socialistes et communistes qui veulent le Parti unique, arme au service du Front populaire et de l’émancipation humaine."

Même si perduraient chez de vieux militants des deux partis le souvenir, et parfois la nostalgie, du PS unifié de 1905 à 1920, cette entreprise amorcée dans l’enthousiasme premier du Front populaire n’eut pas de suites.
Le PS-SFIO ne donnera bien sûr pas suite au projet d’union, qu’il recevait surtout comme une entreprise de phagocytage couverte d’ivresse unitaire.
Et chez nombre de militants communistes "de la base", cet appel de leurs dirigeants se heurtait à la méfiance suscitée par les positions socialistes depuis l’Union sacrée de 1914.
Et, si nous regardons au-delà des tergiversations de 1938, on aboutit à la rupture dramatique de 1939, où les députés socialistes, sauf rares exceptions, approuvèrent sans états d’âme l’interdiction du Parti communiste et l’arrestation de ses cadres. Triste constat également, Marcel Gitton, qui signe l’éditorial unitaire du bas de page quittera le PC en cette même année 1939 et entrera progressivement dans les rangs de la collaboration. Il sera abattu par ses anciens camarades en 1941.
Ainsi va l’histoire, ainsi se perdent les illusions.

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