Je signalais dans un article récent aux lecteurs de ce site qui s’interrogent sur notre lointain passé [1] que je venais de relire l’ouvrage de Jean-Paul Demoule, On a retrouvé l’histoire de France. Comment l’archéologie raconte notre passé [2].
De l’utilité de l’Archéologie. Jean-Paul Demoule
Le titre est peut-être trompeur, car, avant d’en venir aux Gaulois (et aux Romains) l’ouvrage met d’abord en perspective historique l’immense plage de temps qui vit naître l’Homo erectus, puis qui vit longtemps après s’installer sur le territoire de ce qui deviendra la France les premiers humains, la longue solitude des Néandertaliens, l’arrivée des premiers Sapiens chasseurs-cueilleurs, puis celle des Sapiens cultivateurs et éleveurs… Bref, un passionnant balayage de ces centaines de milliers d’années préhistoriques qui aboutirent aux quelques milliers d’années néolithiques, matrices de notre prospérité et de notre auto destruction [3].
« Le Néolithique fut traversé dans sa seconde moitié (celle que l’on appelle aussi « Calcolithique » ou « Âge du cuivre) par un événement fondamental : l’invention des inégalités sociales avec l’émergence des sociétés à chefferies, et la généralisation de la violence. »
On ne peut échapper à la question : pourquoi est-ce que ça a été comme cela ? Est-ce que ça aurait pu être autrement ?
Jean-Paul Demoule montre qu’à l’évidence c’est de l’adaptation à son environnement (Néandertal, Chasseurs-cueilleurs) puis la maîtrise progressive de celui-ci (agriculteurs- éleveurs) qui a déterminé le cheminement de notre espèce, avec le seuil qualitatif du Néolithique qui a causé l’explosion démographique que nous perpétuons.
Aucune téléologie dans cette logique intrinsèque, née des efforts d’une espèce pour vivre et survivre.
Tout cela est bel et bon, me direz-vous, mais quel rapport avec notre présent ?
Je n’en ferai pas la proposition bien sûr, car Jean-Paul Demoule a grandement mérité ses droits d’auteur, mais je souhaiterais volontiers que les deux derniers chapitres de l’ouvrage, « Leçons du passé : le pouvoir et la mort » [4], « Qu’est-ce qu’être français(e) ? » [5], soient publiés en brochure et distribués gratuitement à chaque Français(e), tellement à partir du passé ils éclairent notre présent, et nous mettent face à nos responsabilités d’être humain, d’être social, de citoyen(ne).
Je mets en rapport ces pages de Jean-Paul Demoule avec les deux pages du philosophe Michel Clouscard (1926-2009), que j’avais publiées à la naissance de ce site, et qui elles aussi n’ont guère suscité l’intérêt des lecteurs de ce site.
La première focalise sur le saut qualitatif initial que fut l’apparition de l’homo erectus :
Michel Clouscard et « le héros de la praxis ». Enfin arriva l’homo erectus... .
La seconde interroge, dans ce cheminement de l’humanité, sur le basculement décisif, du monde clos de l’espace tribal à celui des échanges, de la cité et de la guerre
Michel Clouscard, de la Tribu à la Cité, et à la guerre