J’attire votre attention sur le commentaire ajouté hier par l’ami Michel Parolini sur mon billet : Tel père tel fils ? Non, c’est fini… De la transmission ou non transmission des opinions et sur l’édito.
« Parfois, remonte à ma mémoire une chanson bien ancienne du sympathique Maxime le Forestier. Elle s’appelle "Dialogue" et résume le regard impitoyable et même un peu injuste que la génération 68 posait sur la génération qui la précédait "Vous êtes morts pour pas grand chose" Ah bon, lutter contre le nazisme par exemple c’était mourir pour pas grand chose ? Elle remonte à ma mémoire comme un remords car elle se termine ainsi : "il est foutu (le monde) et je n’ai plus qu’à le refaire, un peu plus souriant, pour tes petits enfants". Cependant le monde d’aujourd’hui n’est pas plus souriant que celui des années 60. On peut même dire qu’il est pire, car non seulement il n’a pas changé fondamentalement, mais aucune alternative crédible ne semble plus motiver personne. Et, oui, c’est bien nous qui l’avons produit ce monde par bien des côtés désespérant. Ah vraiment, nous étions bien placés pour donner des leçons à ceux qui nous précédaient !
Nos enfants vont-ils nous en faire au moins le reproche ? Non. Et là la désespérance monte encore d’un cran. Nous les avons élevés, ils sont allés à l’école. Ils sont diplômés. Ils ne songent pas à refaire le monde, mais à s’y faire une place. Peut-être sont-ils moins hypocrites que nous après tout. Mais je pense qu’ils sont surtout plus enfumés par l’idéologie dominante. Si Gramsci a raison, une guerre culturelle a été gagnée, et pas simplement une guerre politique. Le néolibéralisme est partout vainqueur. "Mon cul, mon nombril, ma gueule" résumait un copain dans une formule peut-être un peu vulgaire, mais pertinente.
Alors, est-on content de constater qu’ils ont réussi nos enfants, nos anciens élèves ? Qu’ils ont gagné la guerre scolaire. Qu’ils ont intégré les grandes écoles. Qu’ils sont les vainqueurs d’aujourd’hui et les cadres de demain. Est-on content des enfants que nous avons coproduits avec le monde d’aujourd’hui ? Fallait-il qu’ils échouent ? Pouvait-on le souhaiter ? Nous sommes souvent troublés par leur assurance et par la naïveté de leur arrogance. Dans ces moments là, en catimini, presque en douce, tout à la fois nostalgique et désappointé, je remets sur le vieux tourne disques la chanson de Maxime. »
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