Dans les critiques adressées à la gestion antisociale poursuivie sous plusieurs mandats présidentiels, et accentuée sous l’actuel, on retrouve souvent l’accusation de démanteler le programme du Comité National de la Résistance [1], auquel nous devons tant. Bref, d’abandonner une conception de l’État démocratique et social que dessinèrent les Résistants, unis dans leur diversité, et que commencèrent à mettre en place après la Libération des gouvernements où l’influence des communistes et des socialistes était bien grande, influence que le Général ne manquait pas de contrer !
Mais pour que l’argument du démantèlement prenne sens auprès des jeunes gens d’aujourd’hui, encore faudrait-il qu’ils sachent exactement de quoi il s’agit, et qu’ils mesurent les progrès décisifs par rapport à l’avant guerre.
Il n’est pas mauvais de rappeler aux jeunes que, parmi les mesures appliquées après la Libération [2], figuraient notamment le droit de vote enfin donné aux femmes, le statut des fonctionnaires, la création du régime général de la Sécurité sociale (incluant la généralisation de la "retraite des vieux", comme l’on disait alors), la nationalisation de l’énergie et la création d’Électricité de France, la nationalisation des grandes sociétés d’assurances et des principales banques. Qu’en reste-t-il en matière de sécurité sociale, de retraites, de nationalisations ? Et qu’en restera-t-il si cela continue ainsi ?
Mais sans doute aussi peut-on penser que ce rappel risque de n’être que Lettre morte pour une jeunesse que l’on a habituée à vivre dans le seul présent, et pour laquelle le passé, même proche, n’est que préhistoire...