Après avoir rangé ma bibliothèque, comme je le fais quand de nouveaux livres viennent s’ajouter à des étagères déjà bien trop pleines, j’ai eu envie de relire les deux ouvrages de Paul Thorez que je n’avais plus ouverts depuis leur acquisition en 1983-1985, il y a bien longtemps :
Paul Thorez, Les enfants modèles, Lieu commun, Paris, 1983
Paul Thorez, Une voix presque mienne, Lieu Commun, Paris, 1985 [1].
Je ne les avais plus ouverts parce que leur lecture initiale avait cruellement avivé les interrogations qui furent les miennes en ces années 1980 de remise en cause de mes engagements et de mes convictions politiques. Et parce que cette lecture m’avait alors aidé à faire un double deuil sur lequel je n’avais plus envie de revenir désormais. Deuil d’un père militant et élu communiste [2], deuil d’un attachement politique inconditionnel au Parti communiste et à l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques
Avec la lecture de Paul, cette réapparition du nom de Thorez m’a renvoyé à un itinéraire personnel où le nom du secrétaire général du Parti communiste [3] se mêle incidemment à celui de trois de ses enfants, mes contemporains (je suis né en 1936) : Jean Thorez, 1936, Paul Thorez, 1940, Pierre Thorez, 1946.
Je ne me lance pas ici dans une autobiographie, genre dont chacun connaît les défauts et les accommodements avec l’Histoire. J’évoquerai seulement en quelques flashes des moments où la présence de Thorez, des Thorez a concrètement rencontré ma vie.
Qu’il soit bien entendu que cette résonance purement factuelle du nom de Thorez dans mon cursus ne m’autorise en rien à porter un jugement sur ceux que je vais évoquer, et auxquels je dois le respect.
Ces souvenirs apparaitront sans doute hors temps et hors jeu à de jeunes lecteurs. Ils parleront peut-être à mes contemporains, dont les rangs se raréfient sérieusement.
Aux lendemains de la Libération, l’enfant que je suis découvre des mots jusqu’alors inconnus, celui « communiste » au premier chef. Dans les années suivantes, je réalise que mon père devient en quelque sorte quelqu’un d’autre, en occupant des fonctions électives qui le rendent si souvent absent, et qui me font un « fils de ». Dans ce milieu empreint de la mystique communiste d’alors, le culte de Maurice Thorez s’impose comme une évidence.
Automne 1949, j’ai 13 ans. Par un dimanche matin pluvieux, avec mon père et quelques uns de ses camarades, dont un de mes professeurs du collège de La Seyne, nous prenons le car et sa mauvaise odeur d’essence pour aller à Toulon, alors plutôt terra incognita. La ville est vide. Nous descendons jusqu’à l’étroite rue de la Bourse du Travail, à l’orée de la vieille ville. Une petite foule endimanchée stationne devant l’austère et antique bâtiment qui fut jadis ecclésiastique. Certains brandissent déjà l’ouvrage, d’autres sont là pour l’acheter : Maurice Thorez vient dédicacer son autobiographique Fils du peuple tout juste réédité [4]. Nous prenons place et avançons lentement jusqu’à la haute salle sombre où Maurice Thorez signe. Une signature à la chaîne, qui m’apparaît sans chaleur, et nous repartons avec le petit livre à couverture bleue ornée du portrait de Maurice, en chemise et les mains sur les hanches.
J’ai retrouvé quelques très brèves images de cette signature à la fin du petit film muet qui présente la signature du livre à Périgueux et Marseille, où elle s’accompagna de puissantes manifestations populaires. Je n’ai pas pareil souvenir pour Toulon. Mais les souvenirs sont subjectifs, chacun le sait…
Cf. : Film Maurice Thorez signature Fils du peuple
Décembre 1949. Je suis témoin d’une ahurissante célébration du soixante-dixième anniversaire de Staline, avec sa collecte de cadeaux à laquelle mon père est fier d’ajouter un recueil richement relié de la municipalité présentant sa ville et son bilan de réalisations. Sans jouer l’extralucide a posteriori, il me semble me souvenir que cet étrange culte de la personnalité n’allait pas bien avec ce que je comprenais du communisme, et avec ces mots de l’Internationale que l’on chantait alors à la fin des réunions publiques :
Il n’est pas de sauveurs suprêmes
Ni Dieu, ni César, ni Tribun
Des mots qui ont nourri depuis, j’en ai bien conscience maintenant, une sorte d’anarchisme qui ne prédestinait pas à l’attitude révérencielle. Mais j’avais 13 ans, et ce n’était pas l’âge des spéculations idéologiques. Mon père était content, et donc moi aussi.
Et voilà qu’en avril 1950, dans la foulée, le cinquantième anniversaire de Maurice Thorez est fêté par les militants de ma petite ville comme ils le sont par les militants de tout le pays « communiste » : bis repetita, collecte de cadeaux, qui vont des souvenirs des brigadistes d’Espagne et des combattants des maquis, aux ouvrages façonnés par des ouvriers des Chantiers navals locaux. Et rebelote pour le cadeau municipal.
Pour autant, en dehors de cette fièvre, je mesure par le désintérêt de mes camarades de classe à quel point ceci se déroule en vase clos et met une distance invisible entre les Autres et Nous. Les Autres, ce sont tous ceux qui ne partagent pas nos idées, tous ceux qui ne sont pas de notre camp.
En juin 1952, je suis depuis deux ans à l’école normale d’instituteurs d’Aix, où je m’apprête à passer la deuxième partie du Bac. Pourquoi Aix et pas Draguignan, qui était la destination normale des candidats varois ? Je ne sais. Mon père qui m’avait poussé à ce concours d’entrée à l’E.N d’Aix pensait peut-être ainsi m’éloigner d’une trop pesante pression locale autour du nom de Merle ? Ou voulait-il, et l’avenir lui donna raison, choisir une EN qui dispensait des bourses d’études supérieures ?
En tout cas, je suis élève instituteur, sortie hebdomadaire jeudi après midi, sortie dominicale en alternance avec grande sortie week-end deux fois par mois. Dortoir immense aux lits superposés, toilettes sommaires du matin, douche hebdomadaire. Un internat laïque qui fit les délices de beaucoup mais où je ne suis pas vraiment heureux, malgré de bonnes relations de camaraderie.
Un beau jour de juin donc, le directeur me somme d’ouvrir l’étroit placard métallique dans lequel nous entassons nos affaires. Il est accompagné par deux hommes dont j’ai compris plus tard qu’ils étaient inspecteurs de police. Fouille sans explications, et sans résultat, sinon quelques lettres paternelles. J’ai compris seulement à la grande sortie qui suivit qu’à la fin mai, suite à une violente manifestation communiste contre la venue en France du général américain Ridgway, un groupe de manifestants s’était retranché dans la Bourse du Travail de Toulon, que les forces dites de l’Ordre avaient prise d’assaut. La police affirma y avoir trouvé des documents impliquant les communistes et les cégétistes locaux dans une affaire d’espionnage au profit de l’URSS. D’où une vague d’arrestations et le passage à la clandestinité d’un certain nombre de militants, dont mon père. Notre appartement de La Seyne avait été perquisitionné, sans résultats évidemment, et la visite policière d’Aix en avait été le complément.
L’été se passa dans l’incertitude, jusqu’à ce que des non-lieu généralisés interviennent de la fin juillet à la fin août et mirent fin à cette mascarade [5]. J’appris alors à la fin août par la radio que Maurice Thorez, identifié sur des clichés de la violente manifestation du 28 mai à Paris, recherché pour « atteinte à la Sûreté de l’État », était passé à la clandestinité avant de se rendre et d’être emprisonné à la Santé. Or Maurice Thorez était depuis novembre 1950 en URSS, où il était soigné après une attaque d’hémiplégie [6] !. Le Maurice Thorez incarcéré, né en 1926, était en fait le fils d’un premier mariage de Maurice, et c’est ainsi que j’appris son existence.
Durant l’été 1953, après l’obtention de mon Bac (Philo), l’école normale me demande si j’accepte une bourse (que je n’avais pas sollicitée) pour une préparation au concours d’entrée de l’ENSET (Ecole normale supérieure de l’Enseignement technique, section Lettres), école dont j’ignorais totalement l’existence. J’accepte avec plaisir mais aussi avec appréhension devant le départ pour Paris.
Octobre 1953. Me voici donc à nouveau interne, au lycée Lakanal de Sceaux, mais cette fois avec chambre individuelle et autorisations de sortie bien plus larges. Notre salle de cours jouxte celles des khâgneux qui préparent l’entrée à la prestigieuse École normale supérieure de la Rue d’Ulm, ou, par défaut, celle de Saint Cloud.
Notre plèbe « technique » n’a pratiquement pas de contacts avec cette « aristocratie », alors que les contacts sont nombreux avec les commerciaux qui préparent HEC : j’en retrouve certains dans notre équipe de rugby improvisée et toujours perdante.
Il y a dans notre prépa ENSET deux noyaux d’étudiants fortement politisés. Je rejoins ainsi des activistes communistes qui en sont à leur deuxième année de Lakanal, et nous décelons vite parmi les nouveaux des sympathisants qui rejoignent cette cellule informelle, rattachée à la section de Sceaux.
Mais un petit groupe de « droitiers » convaincus ne se prive pas de nous rabâcher que le fils Thorez est dans l’Hypokhâgne voisine, qu’une superbe voiture le conduit chaque jour au lycée et revient le chercher le soir. Bref, la litanie dénonciatrice du communiste pharisien, que j’avais si souvent entendue à la Seyne où des collègues de classe étaient persuadés que mon père possédait quelque part un château caché.
Si ces « révélations » ne nous troublent guère, nous sommes par contre déçus de constater que Jean Thorez ne participet pas à nos initiatives militantes. Ainsi de cette petite manifestation communiste contre le réarmement allemand, où nous rejoignent des gaullistes et des fils de Morts pour la France, devant la plaque d’hommage aux morts du lycée.
Très innocemment, et croyant être dans la ligne critique - autocritique chère au PC [7] je m’étonne de cette prise de distance à l’occasion d’une conférence de section, ce qui me vaut une « fraternelle » admonestation de la part des dirigeants de la section, et, indirectement, de la mère de Jean. J’aurais pourtant dû réaliser, au vu de mon expérience personnelle, à quel point des responsables du Parti tiennent à ce que leurs enfants puissent faire de bonnes études, sans vagues, dans la mise à l’écart scolaire du militantisme parental.
À la fin de cette année d’études, je passe avec succès le concours d’entrée à l’ENSET que j’intègre donc en octobre 1954.
Il m’est arrivé quelques rares fois de croiser Jean Thorez, pendant mes années d’ENSET où je militais activement au Parti communiste et aux Étudiants communiste qui naissaient alors en tant qu’organisation, nous avons échangé quelques mots sur la situation et je n’ai jamais eu l’occasion de revenir sur cet épisode de Lakanal.
En 1959 je suis professeur à Reims ; Je passe mes vacances d’été à La Seyne. Le 28 août j’y assiste à la représentation de la première de la pièce du sulfureux Georges Arnaud, Maréchal P [8]. Il n’existe plus depuis longtemps dans notre ville ouvrière de présence théâtrale, et c’est un événement surprenant de voir ainsi la salle des fêtes de la mairie, qui ne se prête guère à ce genre d’exercice, transformée en salle de théâtre. En fait l’Office municipal de la culture et le Comité des fêtes avaient été contactés par Henri Megglé, licencié de l’ORTF pour raisons politiques et désormais bouquiniste dans la localité voisine d’Ollioules, et ami de Georges Arnaud, qui ne réussissait pas à trouver un théâtre pour cette pièce anti pétainiste.
Alors que la pièce va commencer dans une salle déjà rendue irrespirable par la chaleur, personne, sauf les organisateurs, ne se doute que les producteurs du spectacle ne peuvent pas en fait payer les acteurs, et que ceux-ci s’étaient mis en grève. C’est l’intervention financière de la municipalité qui permet un déblocage in extremis.
Nous sommes dans les premiers rangs avec des amis de l’Office de la culture, en compagnie d’une belle fournée de cultureux parisiens proches du PC, de journalistes et de la chanteuse Hélène Martin. Et voici que trois jeunes dandys se précipitent fendent la foule (600 personnes serrées comme des sardines), vont vers elle, l’un d’eux, très démonstratif, se jette avec effusion dans ses bras. On me murmure : « c’est le fils Thorez ». Et de fait, on ne pouvait s’y tromper en regardant Paul Thorez [9].
Nous prenons un pot à la sortie en compagnie des organisateurs, d’Hélène Martin et de Paul Thorez ; il expliqua en deux mots qu’il appris en voiture au dernier moment l’existence de la représentation, et qu’il s’était précipité. Lui et ses amis s’écartent très vite en compagnie d’Hélène et quelques cultureux tombés du ciel parisien.
Je ne saurais dire pourquoi, et peut-être suis-je parano, mais j’ai rarement ressenti à ce point quelles années lumières nous séparaient de cette élite culturelle para communiste dans le vécu, en dépit de la communauté idéologique (et du support local matériel et financier !)
En 1964, j’apprends avec peine dans un camping de Haute-Savoie la mort de Maurice Thorez. Une page se tourne vraiment.
Deux jours après sa mort, le 14 juillet, l’Humanité célèbre l’immortalité de sa mémoire : « Dites, quand la France rendra au plus lucide de ses fils tout l’hommage qu’elle doit à celui qui aura le plus fait pour la sauvegarde de la paix et pour la libération des plus humbles, cela ne sera-t-il pas nouveau aussi : une statue dans un coron du Pas-de-Calais, une plaque dans une cour de ferme de la Creuse, un monument que dans une ville ouvrière élèvera une municipalité ouvrière... Sa gloire même sera nouvelle »
1971-1971 : depuis 1962, j’étais professeur dans un lycée technique de Toulon, en compagnie de « professeurs du technique » sortis de l’ENSET et de professeurs d’atelier sortis des rangs ouvriers.
L’idée de l’agrégation ne m’effleure pas pendant ces années, bien que parfois, dans notre cellule commune des professeurs communistes de Toulon, je mesure une certaine distance, pour ne pas dire condescendance, de la part des anciens d’Ulm et de Saint Cloud. Parano encore ?
Mais en 1969 je suis nommé dans un lycée classique et moderne à La Seyne où, sans paranoïa excessive cette fois, je ressens alors fortement cette distance, et déjà au niveau des classes que l’on me confie et des emplois du temps. Ce qui m’incite à écouter les conseils de notre censeur (je ne sais pas comment on dit au féminin) de suivre une année de préparation à l’agrégation par correspondance (cours de Vanves). Ce que je fais à l’automne 1971, et à la fin de cette année 1971-1972 je suis reçu cinquième à l’agrégation d’histoire. Ce qui me fait évidemment plaisir, particulièrement par rapport aux ex condescendants qui en étaient restés au CAPES, mais qui ne m’incite pas à essayer de poursuivre vers l’Université, ni même de m’inscrire à la Société des Agrégés, que je ressentais comme élitiste. Contradiction que je constatais, et que j’assumais.
Or en cette rentrée 1972-1973, je retrouve Jean Thorez, qui m’écrit en tant que responsable de la régionale de la société des agrégés, et me demande si je veux m’y inscrire. Étonné de trouver Jean Thorez à ce poste « élitiste », je refuse, en m’enfonçant dans la contradiction que j’évoquais plus haut.
Je retrouverai un peu plus tard Jean Thorez responsable national du très droitier syndicat SNALC. Des amis de son lycée de Marseille m’informent qu’il a quitté le SNES auquel il reprochait d’avoir depuis 1968 accepté des titularisations sans concours (qui risquaient donc de nuire à la qualité de l’enseignement), mais qu’il continue à militer à la cellule communiste du lycée.
Je mesure à quel point nous sommes tous pétris de contradictions, dans lesquelles il est toujours possible de trouver une logique.
J’apprends quelques années plus tard, (1977 ?) que, tout en demeurant profondément communiste, il n’a pas repris la carte d’un Parti dont il désapprouvait la « ligne Marchais ». Je le comprends d’autant plus que j’ai eu alors la même attitude.
Mais je n’ai plus eu de contacts avec lui et j’ai appris avec peine son décès prématuré en 1999.
De l’eau a passé sous le pont.
En 1983 puis en 1985, la lecture des deux ouvrages de Paul Thorez [10] vient cristalliser en moi un malaise présent depuis des années, tant par rapport à l’Union soviétique (où je ne n’étais jamais allé pourtant, comme si, inconsciemment, je craignais que le contact avec la réalité ne vienne brouiller son image idéale), que par rapport au fonctionnement du Parti communiste français.
Je passe sur les différends qui avaient pu m’opposer dans les dernières années 1970 aux camarades dirigeant notre Fédération, pour lesquels j’éprouvais une sincère amitié, par rapport à la réalité soviétique. Je me souviens de la schizophénie qui régnait entre mes contacts avec Aragon [11] vigoureux défenseur des dissidents, et mes contacts fédéraux, que ces révélations n’ébranlaient pas.
Mon fils âgé de 15 ans avait participé à un voyage scolaire organisé à Stalingrad par sa professeure de russe du lycée. Il en avait rapporté une vision totalement désabusée de la réalité soviétique : négligence, paresse, alcoolisme, mensonges, et j’en avais été assez bouleversé.
Les ouvrages de Paul Thorez vinrent achever de me déciller les yeux ; j’éprouvais une grande tristesse devant l’implosion prévisible désormais du « camp socialiste » (qui surviendra en 1989), mais pour autant je gardais une grande reconnaissance à l’Union soviétique qui nous avait délivrés du nazisme, au prix de quels sacrifices !
Ce qu’écrivait Thorez fils m’éclairait aussi sur le ghetto de la nomenklatura communiste française, ghetto dont il n’avait pu se dégager qu’au prix d’une adhésion forcée vite retournée en reniement, malgré l’amour porté à ses parents.
Et pourtant, même si je ne repris plus alors ma carte au Parti communiste, mon cœur demeurait et demeure toujours communiste, à sa façon.
J’avais aussi été bouleversé par la façon dont Paul racontait le deuil officiel du Parti à la mort de son père, la mise en scène froidement opportuniste contrastant avec la chaleur spontanée de la foule populaire. Cela me rappelait trop les circonstances de la mort de mon père, fin mai 1969, cinq ans après celle de Thorez, où une foule immense, et émue, avait dû écouter d’interminables discours électoraux rappelant que Toussaint Merle, s’il avait été là, n’aurait pas manqué d’appeler à voter Duclos aux élections présidentielles de Juin.
Années 2010.
Si la mémoire de Maurice Thorez subsiste dans le monde communiste, elle est singulièrement modifiée depuis les éloges inconditionnels de 1964 que j’évoquais plus haut.
On lira par exemple ce qu’écrivait l’Humanité en 2014 trente ans après sa mort :
Anniversaire de la mort
Or c’est justement dans ces années 2010 que, par le hasard d’une de ces nombreuses adresses de sites communistes plus ou moins à la marge du PC et en opposition avec sa ligne actuelle, dont des correspondants m’abreuvent, je fais la connaissance (idéologique) du troisième fils de Maurice Thorez, Pierre, né en 1946, qui, après une belle expérience de matelot sur des navires soviétiques, est devenu géographe professeur de faculté.
Je donne ici un entretien de 2011 où il s’exprime sur la situation soviétique :
Pierre Thorez URSS
Et je le complète par la vidéo d’une conférence (2017) donnée à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution soviétique :
Si vous allez y voir, vous rencontrerez une fidélité lucide en rupture avec les opportunismes successifs de la direction d’un Parti dont il est toujours membre.
Années 2010 toujours, clin d’œil creusois :
J’ai toujours eu un tropisme politico-linguistique pour la Creuse, terre des maçons rouges émigrés à Paris, terre de ce dialecte marchois qui ourle les limites ultimes nord de la langue d’Oc. J’avais évoqué tout cela dans mon petit polar noir Le couteau sur la langue, publié en 2001 (Jigal poche. Vous en trouverez la présentation circonstanciée sur mon site Remembrança :
Remembrança .
En ce début des années 2010, je visite à nouveau la Creuse. Arrêt à Boussac pour saluer la mémoire de Pierre Leroux et visiter le château grâce à un ancien condisciple de l’école normale d’Aix qui vit dans la petite commune de Bétète, quelques kilomètres à l’ouest de Boussac. Entre Bousseau et Bétète, un panneau indique la direction de la toute petite localité de Clugnat [12], quelques kilomètres plus au Sud.
M’est revenu alors ce souvenir des premières pages de Fils du peuple où Maurice Thorez évoque le souvenir des trois années (1914-1917) passées à Clugnat où il s’était réfugié avec son grand père, pour échapper à l’occupation allemande de son Nord natal (1900). Il y fut valet de ferme et y apprit à parler ce « patois » encore occitan des Marches, encore langue quotidienne de ce village paysan.
La mémoire du passage de Maurice Thorez à Clugnat demeure :
Thorez Clugnat
Ou encore :
Thorez à Clugnat.
Mais je vous invite à regarder ce petit film muet tourné en 1960, à l’occasion de la visite de Maurice Thorez à Clugnat pour son soixantième anniversaire. Au-delà du sincère rituel cérémoniel militant, ces images portent une évocation, émouvante, d’un peuple rural encore bien vivant alors, évocation qui apparaîtra si lointaine à des jeunes gens d’aujourd’hui :
Thorez 1960 Clugnat
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