Le 17 octobre 1871, de son cachot marseillais, Gaston Crémieux écrivait ces quelques vers au jeune journaliste Clovis Hugues (emprisonné lui aussi), qui fut son bras droit sous la Commune de Marseille :
Laisse dormir dans leur suaire
Nos martyrs de la liberté ;
N’entr’ouvre pas le sanctuaire
Du repos qu’ils ont mérité :
Il nous suffit, quand tu contemples
Leurs traits et leurs noms glorieux,
Qu’ils revivent par leurs exemples ;
C’est à nous de mourir comme eux !
Assisté par le rabbin Vidal, Gaston Crémieux sera fusillé le 30 novembre 1871 à Marseille, sur ordre du gouvernement Thiers (lequel Thiers, marseillais lui aussi, avait fait parvenir à Mme Crémieux de doucereuses promesses de salut !). La seule accusation était « dirigeant factieux ». On aurait été bien en peine de reprocher le moindre crime de sang à Crémieux !
Gaston Crémieux (1836-1871), Nîmois fixé à Marseille, journaliste, avocat des pauvres, franc-maçon, militant de l’éducation populaire laïque, républicain blanquiste sous le Second Empire. Il fut au début de la Seconde République membre actif et itinérant de la Ligue du Midi et dirigeant de la Commune insurrectionnelle de Marseille. On lira avec émotion ces vers et le récit de sa vie et celui de sa mort dans l’introduction de ses Œuvres posthumes [1].
Que son souvenir inspire les combats du présent, et que la honte demeure sur Thiers, et sur ses descendants, toujours en place...